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Les deux graffitis ci-dessous rappellent un événement incontournable de la vie d'un
jeune homme en bonne santé au XIXe siècle, le tirage au sort pour la conscription. Désiré-Célestin
Gérard, carrier, s'y rendit en janvier 1868, avec succès comme le montrent les deux palmes de chaque côté de la date : ce sont selon toute
vraisemblance des lauriers, le terme « laurier » s'appliquant à celui qui avait tiré le plus haut numéro, ipso
facto exempt de l'interminable service militaire. Assuré d'une vie loin des casernes, Célestin composa avec soin ces graffitis triomphants.
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Les invasions de 1814 et de 1870 n'ont pas laissé d'inscriptions clairement
identifiables relatives à des réfugiés en carrière. En 1914, il en fut différemment : ci-après, trois inscriptions pariétales
rappelant les premières semaines de la Première Guerre mondiale. D'abord deux profils, l'un de Karl von Bülow (qui prit Namur,
se rapprocha de Paris mais dut retraiter lors de la bataille de la Marne) et l'autre du Kronprinz (Friedrich Wilhelm von
Hohenzollern, connu par son affection pour l'uniforme des hussards de la mort, et qui commanda en août 1914 la
Ve armée allemande). A tort ou à raison, il passait souvent comme peu capable. Les deux inscriptions suivantes rappellent que la carrière a été utilisée comme abri lors de l'avancée des troupes allemandes en 1914. Si la première est du 5 septembre 1914, la seconde ne porte pas de date précise, mais en est forcément contemporaine. Or c'est depuis fin août que, épisodiquement, des éclaireurs allemands ont pénétré profondément la région et incité les locaux à fuir ou à s'abriter. Les réfugiés étaient probablement là depuis ce moment mais, la bataille de la Marne à l'origine du recul allemand ayant précisément débuté le 5 septembre, les émigrés n'ont sans doute pas séjourné bien longtemps après. Zéphirin Navarre est un habitué de la carrière, puisque son nom est apparu dans l'équipe de champignonnistes qui ont ouvert un puits près des caves du Transvaal en octobre 1895 (voir en dernière page). En 1939 et 1940, il sera maire de Saint-Leu-d'Esserent. Quant au champignonniste Emile Lecocq, bien qu'il fût de la classe 1916 il est revenu du carnage. |
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Ci-dessous, un graffiti qui se date par son sujet : l'affaire Troppmann.
En 1869, Gustave, l'aîné des six enfants de la famille Kinck, avait seize ans quand il fut massacré à coups de couteau par
Jean-Baptiste Troppmann qui avait déjà assassiné Jean, le père, et qui ensuite se débarrassa par égorgement ou strangulation
de la mère et des cinq autres enfants, afin d'encaisser des chèques dérobés sur le cadavre de Jean Kinck. Troppman prétendit
que Gustave était son complice jusqu'à ce qu'on retrouvât son corps, le dernier à être mis au jour. C'est sans doute cette
ultime découverte que célèbre le graffiti. Cette affaire, dont le retentissement fut énorme, trouva son épilogue sous la
guillotine en janvier 1870.
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Bien que le sujet du petit médaillon ci-dessus, les amoureux tragiques
Héloïse et Abélard, remonte au début du XIIe siècle, la sculpture est sans doute
du XIXe, alors qu'un véritable engouement pour cette histoire romantique se
manifestait dans toutes les couches de la population, dont le point d'orgue fut un opéra-comique de ce nom au succès
stupéfiant, commis en 1872 par Clairville et Busnach sur une musique de Litolff. Aussi il est difficile de dater
précisément la sculpture, tout en la maintenant dans les limites 1790-1880. Puisque nous parlons d'amoureux transis, sans transition quelques graffitis érotiques : |
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La flèche verte dans la vue ci-avant à droite ne concerne que le trajet des camions
qu'elle dirige au fond de la carrière, vers les ateliers de Fèvre. Pour revenir, il faut suivre les flèches rouges.
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